Nous croyons fermement que l’art et la créativité sont essentiels pour le développement personnel et le bien-être, en nous aidant à forger des connexions plus profondes avec nous-mêmes. Cependant, il apparaît clairement que, malgré leur importance, les femmes, particulièrement celles de plus de 45 ans, se retrouvent souvent marginalisées et invisibilisées dans le monde de l’art. Cela soulève des questions importantes sur la place que nous accordons réellement à ces voix expérimentées et essentielles.
Nous avons voulu en parler avec Virginie Ledesmia, artiste émergente engagée et créatrice du compte Instagram @lesfemmescanon. Virginie utilise les médias et la musique pour se battre contre la non-représentation des femmes de plus de 45 ans dans les médias, la culture, le cinéma et plus particulièrement dans la musique.
Une rencontre qui met l’accent sur la puissance de la créativité à tout âge et la lutte contre l’invisibilisation des femmes mûres dans le monde artistique.
Montez le volume et laissez-vous inspirer par notre conversation avec Virginie !
J’ai longtemps accompagné des artistes sur des plateaux tv ou sur scène en tant que choriste. Vers 47 ans, on a commencé à moins m’appeler pour travailler. Je n’avais pas envie de passer par les injections pour continuer de faire mon métier, je voyais qu’on appelait des gens de plus en plus jeunes, j’ai senti que je n’avais plus trop ma place, j’ai préféré m’éloigner de ce milieu plutôt que de subir l’âgisme de plein fouet. Je suis passée derrière en écrivant des textes pour les autres.
L’âge est un tabou dans le milieu de la musique, passé 35 ans tu es déjà trop vieille. C’est la première question qui est posée lorsqu’un manager propose une artiste en maison de disque. Personne n’en parle mais c’est une réalité. Il n’y a pas beaucoup d’alternative. Après il y a d’autres carrières possibles dans la musique comme faire des chœurs en studio, ou chanter dans des orchestres pour des évènements ou mariage, chanter sur des B.O de dessins animés ou films mais ça reste compliqué à partir d’un certain âge d’être sur le devant de la scène même pour des artistes qui ont commencé leur carrière plus tôt.
Il y a quelques prises de paroles sur la non-représentation des femmes mûres dans les médias et l’art notamment en cinéma. En peinture il y a des artistes qui émergent sur le tard ou des actrices qui percent à 40 ans. Toutes les initiatives qui mettent en lumière la transmission et le transgénérationnel est évidemment importante afin de montrer à quel point chaque génération peut apporter son savoir-faire à l’autre.
Elle me semble essentielle mais elle est parfois aléatoire. Il y a pourtant des femmes qui re partagent les publications et initiatives des unes et des autres sur Insta et je trouve ça formidable. Dans l’industrie musicale il y quelques initiatives surtout autour du sujet de la parité, au sujet de l’âgisme c’est l’omerta la plus totale. Amel Bent a pris la parole à ce sujet sur l’émission The Voice lorsqu’elle était coach mais c’est hyper rare. Quelques articles dans Télérama, la Grande Sophie en avant parlé aussi.
Qui a peur des Vieilles de Marie Charell, Selfie de Jennifer Padjemi, Les Flamboyantes de Charlotte Montpezat, Et si les femmes avaient le droit de vieillir comme les hommes de Amanda Castillo, Vieille peau de Fiona Schmidt.
Je ne sais pas si je peux donner des conseils, mais disons que je leur dirais que le plus important c’est de s’écouter soi, de ne pas croire ce que la société veut nous faire croire à savoir que notre valeur dépendrait de notre âge ou notre physique, de ne pas se laisser ensevelir et décourager par les injonctions à la jeunesse éternelle qui ne veut rien dire et n’a pas de sens véritable. Je leur dirais de cultiver leur singularité et leurs différences, leur irrévérence et leur fougue car elles sont puissantes et magnifiques. Je leur dirais de veiller comme le lait sur le feu à ce que jamais personne ne vienne éteindre leur flamme.
Pour aller plus loin :
L’âgisme dans le monde de l’art et la culture, surtout en ce qui concerne les femmes, est un sujet qui gagne en visibilité grâce au travail de plusieurs expertes et universitaires. Voici quelques références et noms d’expertes qui ont contribué significativement à la recherche et aux discussions dans ce domaine :
Explore les normes de genre autour du vieillissement. Ce livre examine les inégalités face au vieillissement entre hommes et femmes, analysant leurs impacts sociaux et personnels, et propose des pistes pour équilibrer ces disparités. Il incite à un changement de mentalité pour permettre à toutes les femmes de vieillir avec dignité et sans discrimination.
Notre valeur est corrélée à notre jeunesse contrairement aux hommes (..), notre valeur dépend de notre image que l’on renvoie dans ce monde. On les enferme dans le regard des hommes.
Quand on sort de la société reproductrice, on est désocialisées. Il y a des dynamiques de pouvoir qui se cachent derrière l’âge.
Cinéma, industrie cosmétique mode etc. sont des industries dirigées par des hommes.
« Les hommes regardent les femmes. Les femmes se regardent en train d’être regardées »
_John Berger.
Cette série en cours est une exploration intime du corps féminin âgé.
“Parce qu’il n’existe pas de représentations des corps âgés dans lesquelles se projeter. Parce que les corps des femmes sont invisibilisés dès lors qu’ils ne sont plus considérés comme jeunes et donc désirables.”
Juliette Avice, photographe qui immortalise sa mère de 64 ans dans très peu de vêtements pour cette série.
Revendiquer le corps féminin après 50 ans, c’est donner une nouvelle dimension à ce désir collectif des femmes de cet âge qui choisissent de s’exposer et d’inviter ainsi à les regarder différemment. En prenant leur place dans la lumière, que ce soit au cinéma ou dans les magazines, elles se montrent telles qu’elles sont : désirantes, désirables, vivantes.
Le calendrier est en ligne. Nutrition, péri ménopause et sexe au programme.
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