Et si nous voyions notre corps comme un guide plutôt que comme une liste de “choses à améliorer” ?

Nos hormones influencent notre humeur et notre énergie, il est temps de les écouter. J’ai voulu creuser le sujet avec Caroline, co-fondatrice de MiYé, une marque pionnière qui réinvente le bien-être féminin grâce à une approche holistique. On parle d’équilibre hormonal, d’émotions et d’astuces simples pour cultiver un bien-être naturel.

Écouter son corps pour mieux s’harmoniser

Quels signes subtils de changement dans notre corps et nos émotions peuvent attirer notre attention, et comment les comprendre ?

Écouter ces signes subtils de changement est essentiel pour préserver l’homéostasie, avant que ces signaux ne dégénèrent en maladies ou douleurs.

La médecine évolue, notamment avec les neurosciences, et comme le souligne Michel Odoul, le lien corps-esprit est au cœur des anciennes médecines chinoises et indiennes.

 J’aime beaucoup ce dicton chinois : « Si tu écoutes ton corps quand il chuchote, tu n’auras pas à l’entendre crier. »

Beaucoup de désagréments physiques, y compris certaines maladies auto-immunes, semblent liés aux blocages émotionnels et aux traumas, parfois même transgénérationnels. Concernant les femmes, il est essentiel de se reconnecter à leur métabolisme cyclique, notamment en tenant un journal de bord pour repérer les phases plus sensibles et adapter alimentation, sommeil et gestion du stress en conséquence.

 Des solutions existent : phytothérapie et gestion du stress (magnésium, safran…) peuvent soulager les variations d’humeur. Quand les cycles deviennent irréguliers, parfois bien avant la ménopause, un suivi avec un médecin ouvert à la discussion permet d’explorer les options (traitement hormonal, phytothérapie…).

 En somme, toute manifestation physique est un message du corps. L’écouter permet de préserver son équilibre et sa confiance en soi.

L’alimentation comme alliée de l’équilibre

Quels aliments simples et faciles à intégrer au quotidien peuvent réellement soutenir notre bien-être hormonal ? Y a-t-il des erreurs alimentaires fréquentes que l’on pourrait éviter ?

Il y a vraiment selon moi quatre grands piliers d’équilibre alimentaires faciles à retenir et à appliquer :

Couleur et variété des textures et goûts

Privilégier une alimentation anti-inflammatoire en intégrant des alicaments comme le romarin, la mélisse, le persil, le curcuma, l’ail et l’oignon. Miser sur des produits frais, variés en couleurs et textures (cru et cuit) pour assurer un apport riche en antioxydants. Les crucifères (chou, brocolis…) favorisent une bonne métabolisation des œstrogènes.

Attention au sucre rapide

Les acides gras sont essentiels à la fabrication des hormones. Les oméga-3 (huiles de colza, noix, lin) et ceux riches en EPA-DHA (petits poissons gras comme les sardines, huile d’algues végane) sont indispensables pour la peau, les muqueuses, l’équilibre émotionnel et la prévention cardiovasculaire. Le rapport oméga-3/oméga-6 étant déséquilibré dans l’alimentation moderne, il est crucial de réintroduire ces bonnes graisses.

Revaloriser les protéines

Si les protéines végétales sont intéressantes, les protéines animales restent essentielles, notamment après 40 ans pour éviter la fonte musculaire et le ralentissement métabolique. Un bon apport en protéines de qualité (animales ou végétales, œufs pour les végétariens) est indispensable au bon fonctionnement cellulaire.

L’équilibre avant tout. Éviter l’orthorexie et la rigidité alimentaire : se nourrir doit rester un plaisir. Appliquer la règle du 80/20 – 80 % d’alimentation saine et 20 % de liberté – permet de maintenir un équilibre durable et serein.

Plantes et compléments pour apaiser corps et esprit

Quelles plantes ou compléments naturels recommandez-vous pour aider à réduire le stress, retrouver un sommeil apaisé et soutenir notre vitalité ? Par exemple, que pensez-vous des adaptogènes ou de la mélisse ?

J’aime effectivement beaucoup travailler avec les plantes adaptogènes. Sur plusieurs dizaines de milliers de plantes médicinales, seules une vingtaine sont qualifiées “d’adaptogènes”, reconnues pour leur capacité à s’adapter aux besoins spécifiques de l’individu.

 Dans les produits MiYé, nous avons mis à l’honneur les plantes adaptogènes bio dans notre gamme de micronutrition.

 Par exemple, la mélisse et le romarin fonctionnent bien ensemble pour limiter les ballonnements, les problèmes digestifs et les crampes inflammatoires typiques des douleurs de règles.

L’Ashwagandha est idéale pour réguler le niveau de cortisol (l’hormone du stress).

 Enfin, le safran et la Rhodiole potentialisent les effets du magnésium et favorisent la production de dopamine et de sérotonine, aidant ainsi à lutter contre le stress mental et les états dépressifs.

La peau comme reflet de notre équilibre intérieur

Les transformations hormonales peuvent rendre la peau plus réactive ou marquée. Quels gestes simples ou produits naturels privilégier pour une peau saine et lumineuse ?

La peau, plus grand organe du corps, reflète notre équilibre intérieur. Composée à plus de 50 % de bactéries, enzymes et champignons, elle dépend de la qualité du microbiote, du pH et du sébum.

 Les approches cosmétiques agressives des années 80 laissent place à des soins doux, respectant le bouclier cutané et son microbiote. Les produits au pH physiologique, enrichis en pré- et postbiotiques, aident à renforcer ces mécanismes naturels.

L’équilibre interne joue aussi un rôle clé : soutenir le foie avec des plantes détoxifiantes et intégrer des oméga-3 améliore la qualité du sébum et limite les imperfections hormonales.

 Enfin, éviter la sur-hygiène décapante est essentiel. Les pays les plus stricts en matière d’hygiène observent paradoxalement plus de troubles cutanés (eczéma, psoriasis). Prendre soin de sa peau, c’est avant tout respecter son fonctionnement naturel.

L’influence des cycles sur nos émotions et notre énergie

Quels conseils pour cultiver la sérénité au quotidien, même lorsque les émotions sont plus intenses ?

Il est important de ne pas diaboliser les émotions intenses et la sensibilité que de nombreuses femmes ressentent environ dix jours avant leurs règles. Dans certaines tribus chamanes, cette période est valorisée pour sa connexion accrue avec l’intuition et le divin.

 Aux États-Unis, des ouvrages comme “Into the Flow” soulignent l’importance d’adapter ses activités au cycle menstruel.

Cette pression culturelle, axée sur la productivité et le mental, a tendance à réprimer les émotions négatives. En prenant conscience de cela, les femmes peuvent mieux vivre et exploiter leurs émotions comme une force. La colère, par exemple, peut être canalisée de manière constructive dans le travail.

L’énergie des femmes est cyclique, inscrite dans nos gènes, et peut être une richesse en phases de créativité et d’énergie. En apprenant à accepter cette nature cyclique, les femmes peuvent mieux comprendre leur corps. Par exemple, juste avant ou pendant les règles, il est conseillé d’être plus conciliant envers soi-même, de privilégier le cocooning, des activités plus calmes et d’éviter la culpabilité.

Péri ménopause : une période à apprivoiser avec douceur

De nombreuses femmes appréhendent cette transition. Quels conseils donneriez-vous pour considérer cette période comme une opportunité de renouveau plutôt qu’une contrainte ?

La ménopause est souvent perçue de manière dépréciative dans nos cultures, comme si les femmes perdaient leur rôle une fois la procréation terminée. Pourtant, la ménopause représente plus d’un tiers de la vie d’une femme. Ce manque de discours et d’information en fait un tabou, enfermant les femmes dans la honte alors que cet arrêt naturel des règles est une étape tout à fait normale.

Une étude de la Fondation des Femmes a révélé que plus de 50 % des femmes n’osaient pas en parler même à leur mari. Il est essentiel de sensibiliser les femmes à leurs options pour une société plus harmonieuse. La ménopause est un passage vers un nouvel état d’équilibre, à ne pas confondre avec la vieillesse.

Il est important d’aborder cette période avec lucidité et de se faire accompagner par le bon médecin ou gynécologue. L’organisme change et cela peut impacter la santé mentale, osseuse et cardiovasculaire. Plus on s’informe et anticipe, mieux la ménopause est vécue.

Pour cela, je conseille de trouver un gynécologue à l’écoute et de se renseigner sur le traitement hormonal biomimétique en France. La phytothérapie peut également être bénéfique. C’est le moment idéal pour se consacrer à soi, pratiquer des activités physiques comme le yoga, le pilates ou des exercices plus cardio. Parler, se faire aider, s’informer, maintenir une bonne activité sportive et une alimentation saine sont des clés essentielles. 

Votre secret pour une vie alignée

Si vous deviez partager un conseil ultime pour harmoniser corps et émotions, quel serait-il ?

Je ne pense pas que ce soit un secret, mais une découverte récente pour moi, hypersensible et envahie par mes émotions : se reconnecter à ses émotions, les laisser nous traverser, qu’elles soient positives ou négatives, pour renforcer notre lien intérieur et notre sécurité intérieure. Cela exige de sortir du mental et d’écouter son cœur, ses émotions profondes, ses tripes.

C’est très difficile dans une société qui valorise l’extérieur et réprime les émotions, notamment négatives, dans une vision binaire où l’on est soit bon, soit mauvais, soit victime, soit bourreau.

La condition humaine est heureusement bien plus nuancée. Accepter de ressentir nos émotions permet d’accéder à une nouvelle maturité émotionnelle, pour mieux fonctionner avec soi-même et avec les autres.

Je terminerais donc sur la citation que j’affectionne tant de Carl Jung sur cette reliance au moi profond : “Qui regarde à l’extérieur rêve ; qui regarde à l’intérieur s’éveille”.