• L’Envers est une reconversion professionnelle, mais pas que. Pourquoi es-tu sortie de ta zone de confort et tu t’es lancée dans le monde de l’entreprenariat ?

Je ne suis pas vraiment sortie de ma zone de confort. Cela a été une étape assez naturelle, une espèce d’appel de « l’invisible ». Quand je suis arrivée en Espagne il y a 12 ans j’étais sans boulot, je venais d’avoir ma deuxième fille. Après avoir travaillé dans de grandes entreprises j’ai eu envie de me lancer dans ma propre aventure entrepreneuriale en 2015. J’ai alors commencé à réfléchir à créer L’Envers.

• Ton expérience de femme expatriée entrepreneur doit certainement faire écho pour beaucoup de femmes. On parle beaucoup du rôle primordial de la sororité lorsqu’on se lance dans ce genre de projet. As-tu toi aussi créer ton cercle bienveillant de femmes qui te soutiennent ? Crois-tu que la bienveillance entre femme soit essentielle ?

La sororité est un sujet de fond, à la fois quand on lance un projet ou quand on est dans une phase plus mature. En général le réseau il faut le développer. C’est en sollicitant des gens que l’on arrive à faire avancer sa vision, ses idées et à les confronter. Il est important de ne pas travailler en isolation, ce qui constitue souvent un défi pour les entrepreneurs qui se retrouvent fréquemment seuls.

En tant que femmes, nous sommes souvent confrontées aux mêmes contraintes, et il existe une résonance commune entre nous toutes, ainsi qu’un désir profond d’être solidaires pour avancer ensemble main dans la main.

La bienveillance entre femmes est fondamentale, car nous sommes toutes très conscientes des déséquilibres qui persistent. De nombreux clubs de femmes existent, témoignant de notre foi en la sororité. Nous avons une forte propension à fonctionner à l’intuition et à bien travailler ensemble. Nous nous comprenons parfaitement. Ensemble, cultivons cette solidarité!

• Le livre le plus étonnant de 2023 ?

La lecture n’est pas une activité auquel je dédie assez de temps, je donne la priorité à des activités telles que passer du temps avec mes enfants, mes amis, cuisiner, marcher etc.

Il y a quand même un livre qui m’a beaucoup plu dernièrement, qui a gagné le prix Goncourt en 2022, « Vivre vite » de Brigitte Giraud.

Le titre m’a attiré parce que quand tu es entrepreneuse, tu vis très vite mais avec ma marque L’Envers, on cultive cette idée de cultiver la lenteur.

• Comment sortir de ta zone de confort a influencé ta croissance personnelle ?

Cela permet de ne pas d’endormir ! Si tu es en permanence en train de découvrir des choses, de réfléchir, de rencontrer des gens, d’avancer sur des sujets. L’entreprenariat est aussi fatigant que galvanisant. Tu apprends tellement tous les jours sur toi, sur les autres, sur le monde qui t’entoure : c’est une sacrée source d’inspiration.

• Le problème principal lorsqu’on se lance dans un nouveau projet pro est d’arriver à maintenir l’équilibre avec sa vie personnelle. Quelles activités ou pratiques t’aident à créer un espace propice au lâcher prise et au ressourcement ?

Je vis à la campagne, dans un village de montagne au nord de Madrid, au calme. Je vais à Madrid deux fois par semaine pour me connecter au “pulse urbain”.

Je ne fais pas de méditation, mais je fais du yoga qui est un pilier dans ma vie. J’essaie de marcher régulièrement dans la campagne. J’ai un mari qui est très présent et qui s’occupe beaucoup de nos 3 enfants.

Je vais régulièrement en France, à Paris, voir des expos et comme je suis créatrice d’une marque de mode j’ai besoin d’aller m’inspirer et respirer la beauté.

Je trouve mon équilibre dans ce déséquilibre entre la ville et la campagne, entre le calme et le côté accéléré.

• Tu définis L’Envers comme « knitwear slowfashion brand, guided by conscious and timeless design. Locally made pieces in small editions. Sustainable materials only. » pourquoi faire ce pari et ces choix ?

L’Envers, c’est cette proposition de marque de maille qui est lente, qui propose des pièces tricotées une par une à la commande par des personnes qui ont un vrai savoir-faire et qui sont à côté de chez nous, utilisant des matières exclusivement naturelles. Des belles pièces qui tiennent longtemps, des pièces à mettre et transmettre. Tout cela dans le respect de l’animal ou de la planète quand on utilise de la laine ou du coton organique.

Ce sont des choix qui sont tellement évidents et aussi contraignants, je n’aurais pas lance L’Envers s’il n’y avait pas ces ingrédients uniques.

Il y a tellement de propositions dans l’industrie textile, de marques de mode qui produisent en masse. Ce qui fait la particularité de L’Envers, c’est vraiment ce qui m’anime et qui remet du sens dans cette industrie de la mode. D’où le nom de la marque.

• Ton secret spot préféré à Madrid ?

J’adore le musée Sorolla à Madrid, on s’y sent bien on y respire la présence de l’artiste Joaquim Sorolla, peintre impressionniste peu connu.

• Ta routine bien être ?

Ma routine est simple : bien manger, me coucher tôt, rire, lire et faire du yoga !

• Ta destination « escapade » pour 2024 ?

Tanger.